Le sens des mots…N° 3


 (Suite « à ce soir là )

Le sens des mots

De temps en temps se retirer de ce qu’on fait, et gagner quelque hauteur pour respirer et dominer.
(Jules Renard)

Faut il toujours craindre l’orage, le vent, les éclairs dans le ciel alors que le soleil ne demande qu’a renaitre après la tempête. La veille elle était à se le demander. Elle n’osait entrevoir leur amour englouti.  La chute fulgurante qui avait étourdit leurs corps, dans les nuits étoilées un faux pas, seul les avaient précipités dans le désespoir.

 Puis secrètement il est passé sans faire de bruit. La nuit était si noire qu’elle la recouvrait d’un sommeil réparateur. Il avait toujours eu cette façon d’être encore là, au fond de son cœur. De prendre juste un peu de place. Pas assez pour qu’elle en tombe amoureuse à nouveau, mais juste assez pour ne pas l’oublier.

Et ce matin rien n’était plus pareil. L’endormissement de la veille a cédé la place à mille soleils qui éclatent en perles de miel. Dans ce bleu camaïeu la mer l’attire. Elle sait qu’elle a des confidences à lui faire.

L’air est aux aguets du moindre souffle, il se désole d’attendre son secret.

Divaguant tout au long des semaines, épuisées… une pause légitime en ce jour est propice à l’apaisement.

Suite à Ce soir …Page 2


Voilà des jours qu’elle cherche les mots. Minutes qui doucement s’égrènent dans la nuit qui se prépare. Qui filent entre ses doigts comme grains de sable quand le cœur se laisse porter par ses rêves. Minutes si douces du silence aux odeurs de bonheur. Au loin dans la nuit, un bateau est prêt à prendre la mer. À moins que ce ne soit une étoile qui cherche son ciel. Ou les mails qu’elle lui a écrits et qui voudraient s’envoler le rejoindre dans la nuit. Elle sait juste son cœur qui bat, qui battra tant qu’elle le saura là, prêt à prendre place. Il la regarderait lire. Jour après jour. Inlassablement. Les doigts tremblant autour de sa plume qui aurait du mal à glisser sur le papier parce que son cœur battrait trop fort. Attendant cette minute où elle fermerait le livre et le regarderait avec un amour tel qu’aucune phrase ne saurait le décrire. Elle le regarderait. Lèvres ouvertes. Elle ne finirait jamais son poème. Le désir d’eux serait plus fort que tous les mots qu’elle pourrait écrire, que tous les livres qu’elle pourrait lire. Ils ont tant rêvé qu’un jour, après avoir copié dans un grand cahier tous les poèmes qu’ils aimaient, ils partiraient vers un ailleurs dont ils pressentaient l’existence, sans aucune certitude que celle que là-bas ils s’aimeraient en toute liberté. Avec leurs mots et ceux qu’ils avaient choisis entre tous. Ces mots filent entre leurs doigts et le vent du Sud se charge de les faire voguer sur les vagues d’un rêve insurmontable.

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Ce soir là…Page 1


Ce soir là elle avait imaginé une phrase toute banale,

Elle aurait voulu juste entendre sa voix lui conter sa journée qui ce devait d’être exceptionnelle 

C’est l’avantage de se connaître un peu soi-même qui lui avait évité le pire.

A coup sûr elle lui aurait débité un chapelet de questions auxquelles il n’aurait su répondre et l’idée l’effraya.

Son intuition lui disait que de son absence pointaient à l’horizon des facéties incontrôlables, un abîme de farces, une de ces façons tordues qu’il avait de se moquer d’elle. Voulait il la faire dérailler pour justifier un désaccord, étais-ce la, là raison ?

Elle serrait les dents, il ne fallait plus rêver et regarder la vérité en face il s’agissait d’un sursaut, d’une tension soudaine de tout son corps se dressant contre la réalité, la repoussant, la taxant de nocive et trompeuse, comme si une chose qui convenait si peu pouvait être vraie ? Et pourquoi pas ?

Elle était hors d’elle, elle lui aurait tapé dessus, son exaspération à son comble lui faisait comprendre qu’il s’était  joué d’elle.

Dans ses attentes comment pouvait telle espérer recevoir un réconfort de celui qui était devenu la cause principale de son chagrin ?

Aujourd’hui, au grès de la brise douce et indolore elle tisse sa vie avec les liens du passé, sa raison n’est plus folie, elle vieillit dans l’amitié et la tendresse, et ses pensées sont sereines.

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Peinture Cécile Dusserle